Les athées sont-ils des croyants ? (2)

Publié le par N.L. Taram

Les athées sont-ils des croyants ?

N°2


par Michel Thys  -  10/04/2006

 


Les mots ont décidément un sens différent pour chacun, et c'est tant mieux, même si l'on se perd parfois dans les méandres des nuances.

Pour ma part, j'observe que le théiste (theos) et le déiste (deus) ne diffèrent que par le fait de donner un nom à une "puissance supérieure" ou au contraire de s'en abstenir. 

L'agnostique, lui, ne choisit pas. "Etre agnostique, c'est fuir", écrivait Christian de Duve.
L'agnosticisme est l'attitude a priori la plus cohérente pour un scientifique, pour qui la "vérité" est par définition partielle, personnelle et provisoire, et qui doit laisser place à un éventuel "élément nouveau". Ce qui ne doit pas l'empêcher d'émettre des hypothèses de travail, à connotation athée ou autre.

Quant à l'athéisme, il consiste, pour André Comte-Sponville, soit à ne pas croire en Dieu (athéisme négatif), soit à croire que Dieu n’existe pas (athéisme positif). 
A mes yeux pourtant, l'athéisme n'est pas une croyance : l'athée PENSE, estime, considère, juge que Dieu n'existe pas ou qu'il n'existe que dans l'imagination, mais il ne croit pas.

Cette interprétation implique une approche non plus philosophique mais psycho-neurophysiologique. La croyance semble bien constituer un mécanisme de défense archaïque face aux peurs et aux incertitudes ancestrales : tout se passe comme si, au cours de l'évolution, le milieu culturel avait sensibilisé le "cerveau émotionnel" (limbique), y laissant des "traces" perturbant l'acquisition du sens critique ultérieur par le "cerveau rationnel" néocortex), seul capable d'imaginer un dieu protecteur et donc illusoire.

A mes yeux, l'athéisme "négatif" implique surtout une indifférence égoïste ("Ce n'est plus mon problème"), attitude que l'on rencontre également chez certains agnostiques.

L'athéisme "positif" ou "militant" quant à lui, ne consiste pas seulement à dénoncer la nocivité des religions et des sectes, du fait qu'elles incitent à la soumission et sont génératrices d'intolérance, de violences, etc. mais aussi à vouloir contribuer à développer l'esprit critique, l'ouverture, l'autonomie et ainsi à faire en sorte qu'un libre choix effectif des convictions soit possible.

Bien cordialement,

Michel Thys

Publié dans Athéisme

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