LES INCROYANTS

Publié le par N.L. Taram

 

Une fois n’est pas coutume : les médias qui, par conformisme, font une abondante publicité aux religieux de tout poil, donnent parfois, et comme en aparté, la parole à un incroyant. D’une manière très inhabituelle, Le Monde du 9 août 1996 a publié le texte ci-dessous (qui fut lu à la tribune lors du congrès national de la Libre Pensée à Artigues, près de Bordeaux).

 

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De l’éminente dignité des incroyants

 

     On voudrait protester ici contre les outrages que subissent quotidiennement athées, agnostiques, incroyants, sceptiques, indifférents, détachés et autres mécréants : alors que, d’après les sondages, ceux-ci représentent aujourd’hui la majorité des Français, les dérapages se multiplient, y compris (et c’est le plus inquiétant) chez certains hauts fonctionnaires (le préfet du Var) et sur des médias de service public. On ne dira jamais assez qu’une des ambitions de la loi de 1905 était de conférer aux incroyants la même respectabilité légale qu’aux croyants : près d’un siècle plus tard, nous sommes loin du compte.

     On souffre d’avoir à rappeler :

     1) Que ni l’existence du Dieu des catholiques ni celle de Satan ne sont prouvées. Ni la mort horrible des moines de Tibéhirine, ni les profanations de cimetières ne prouvent quoi que ce soit, sinon que la route sera longue qui mènera à une humanité vraiment humaine.

     Les actes dits de satanisme, au demeurant infiniment déplorables, ne fondent pas en raison l’action des exorcistes, qu’un journaliste de France-Inter, notoirement connu pour ses sympathies intégristes, s’est empressé d’aller interviewer. Le même journaliste a cru bon de nous asséner que les cas de réelle possession étaient infiniment rares, beaucoup plus rares qu’on ne le disait, mais qu’enfin ils étaient prouvés : on attend toujours sa démonstration.

     2) Qu’agir comme ce journaliste, mais aussi comme Mgr Lustiger, éteignant et allumant des cierges à l’heure du journal télévisé, s’appelle tout bonnement instrumentaliser l’actualité à des fins de propagande.

     3) Que les catholiques français, clercs et laïcs confondus, n’ont aucune supériorité morale prouvée sur le reste de la société française et qu’ils n’ont le monopole ni de la bonté, ni de la charité, ni de la spiritualité, ni de la vérité. Que le pape vilipende régulièrement “la lèpre de l’indifférentisme” ne signifie nullement que les indifférents soient des lépreux. Il existe même de grands moralistes agnostiques, et il serait bon qu’un journalisme moins paresseux se souciât parfois de leur donner la parole.

4) Qu’un prince de l’Église peut être contredit sur un plateau de télévision quand il s’autorise le mensonge ou l’à-peu-près. Il est absolument scandaleux que les contre-vérités éhontées de Mgr Lustiger sur les Lumières (“les Lumières mènent à Auschwitz”) n’aient jamais suscité, du côté de ses interviewers, les réponses cinglantes qu’elles appelaient.

     5) Que, sur d’aussi importantes questions que les droits des femmes et des homosexuels, le discours catholique est aujourd’hui un véritable verrou, qu’il importe de faire sauter sans ménagement aucun.

     Il est du reste tout à fait choquant que, dans des émissions organisées autour de la Gay Pride, des tenants de l’homophobie chrétienne aient pu s’exprimer. A quand des antisémites dans une émission sur le judaïsme ?

     6) Que la très imprudente commémoration du baptême de Clovis est, qu’on le veuille ou non, une offense faite à tous les non-catholiques, et à tous les partisans de la laïcité : non, le pays de Voltaire et de Michelet, de Victor Hugo et de Clémenceau, de Jaurès et de Léon Blum n’est pas tenu par les promesses de ce baptême ! A ce titre, une gigantesque manifestation, dirigée tout autant contre la commémoration elle-même que contre les actes, les silences et les mensonges de Jean-Paul II, est absolument indispensable.

Pierre Albertini, professeur d’histoire

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Lire aussi :

 

La connaissance face à l'obscurantisme

 

Notre capacité à appréhender le monde passe par un outil indispensable, la connaissance.

Sans elle, nous serions cloisonner, enfermer dans un univers sans aspérité, manichéen et qui partage uniquement une même vision du monde.  

 Ainsi, nous serions enfermés dans des classes et des groupes bien définis, ne supportant pas de partager notre monde avec d'autres qui sont tellement loin de nos valeurs.

Le manque de connaissance, engendre l'incapacité à comprendre l'autre, l'intolérance.

Après tout, notre voisin est différent, pourquoi prendrions-nous le temps de le comprendre ?

L'autre est ainsi méprisé, caricaturé et fini par devenir une marionnette qu'on agite pour créer la peur, engendrer la xénophobie et en faire l'arbre qui cache la forêt ou plutôt la cause de tous les maux.

 

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Publié dans Religion

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