LES GIROUETTES POLITIQUES

Publié le par N.L. Taram

GIROUETTE n. f. (du latin gynare, tourner)

On appelle girouette une plaque légère, placée à une certaine hauteur, autour d'un axe vertical, pour indiquer la direction du vent. On donne aux girouettes des formes diverses, mais le plus souvent celle de la flèche, du coq ou du drapeau. La girouette tournant à tous les vents, au sens figuré on se sert de ce mot pour désigner une personne qui change fréquemment d'avis ou d'opinion. Nous ne pensons pas qu'il soit utile de rappeler les noms de tous les hommes politiques qui, durant ces trente dernières années, sacrifièrent leurs convictions à leurs intérêts et qui, véritables girouettes, se laissèrent guider par les vents de la politique. Certains de ces politiciens, débutant dans le socialisme pour finir dans la réaction, resteront célèbres. S'ils laissent leur nom à la postérité, ce sera plus en raison de la rapidité avec laquelle ils renièrent les idées qui les rendirent populaires et les firent sortir de l'obscurité, que par le travail utile qu'ils auront accompli durant leur existence.

La girouette proprement dite tourne d'autant mieux qu'elle est plus haut placée. En ce qui concerne les girouettes politiques, il faut qu'elles sachent tourner lorsqu'elles sont en bas pour pouvoir espérer se placer bien haut dans l'échelle sociale. N'est-ce pas le but de tous ceux qui quémandent les suffrages des électeurs naïfs, de gravir un jour les marches du Pouvoir ? Dans tout député, il y a l'axe de la girouette, et tous les parlementaires sont prêts, le cas échéant, à aller de la gauche à la droite, si cette évolution doit être pour eux source d'honneurs et de richesses.

Le peuple ne s'apercevra-t-il jamais que si les girouettes tournent au vent, les girouettes parlementaires, elles, ne donnent que du vent ?

http://www.encyclopedie-anarchiste.org/articles/g/girouette.html

Girouette en politique : dans quel sens souffle le vent ? - 28 minutes - ARTE

« Un traître est un homme politique qui quitte son parti pour s’inscrire à un autre. Par contre, un converti est un homme politique qui quitte son parti pour s’inscrire au notre » Georges Clemenceau.

EN POLYNÉSIE AUSSI…

 

C'est pas seulement à Paris
Que le crime fleurit,
Nous, au village, aussi, l'on a
De beaux assassinats
.
(Georges Brassens)

 

Un ami m’a écrit, dernièrement, au sujet de mon article sur LES GIROUETTES ( NOMADISME POLITIQUE ) :

« Donc à ton avis, les représentants îliens ne sont pas des girouettes. Mais alors comment nommes-tu ces gens qui ont participé à toutes les majorités ? ».

Embarrassé pour répondre, j’ai de suite pensé à ce bon Jean de La Fontaine et voici ma réponse.

 

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LA CHAUVE-SOURIS ET LES DEUX BELETTES *

Une Chauve-souris donna tête baissée
Dans un nid (1) de Belette ; et sitôt qu'elle y fut,
L'autre envers les Souris de longtemps (2) courroucée,
Pour la dévorer accourut.
Quoi ! vous osez, dit-elle, à mes yeux vous produire,
Après que votre race a tâché de me nuire !
N'êtes-vous pas Souris ? Parlez sans fiction (3).
Oui vous l'êtes, ou bien je ne suis pas Belette.
Pardonnez-moi, dit la Pauvrette,
Ce n'est pas ma profession (4).
Moi Souris ! Des méchants vous ont dit ces nouvelles :
Grâce à l'Auteur de l'univers,
Je suis Oiseau : voyez mes ailes ;
Vive la gent qui fend les airs !
Sa raison plut, et sembla bonne.
Elle fait si bien qu'on lui donne
Liberté de se retirer.
Deux jours après, notre étourdie
Aveuglément se va fourrer
Chez une autre Belette aux Oiseaux ennemie.
La voilà derechef (5) en danger de sa vie.
La Dame du logis avec son long museau
S'en allait la croquer en qualité d'Oiseau,
Quand elle protesta qu'on lui faisait outrage :
Moi pour telle passer ! vous n'y regardez pas :
Qui (6) fait l'oiseau ? C'est le plumage.
Je suis Souris : vivent les Rats ;
Jupiter confonde les Chats.
Par cette adroite repartie
Elle sauva deux fois sa vie.

Plusieurs se sont trouvés, qui d'écharpe changeants (7),
Aux dangers, ainsi qu'elle (8), ont souvent fait la figue (9).
Le sage dit, selon les gens :
Vive le Roi ! vive la Ligue. (10)

 

JEAN DE LA FONTAINE - Livre II, fable 5

 

(*) Source : Ésope : "La chauve-souris et les belettes", traduite en latin dans le recueil de Nevelet. Chez Ésope, c'est comme "souris" que la chauve-souris, se décrit en premier.

(1) appellation fausse
(2) depuis longtemps
(3) naturellement
(4) ma nature
(5) de nouveau
(6) qu'est-ce qui
(7) accord du participe présent au XVIIème l'écharpe : "on s'en sert souvent pour marquer et distinguer les partis" (Dict. de Furetière)
(8) la chauve-souris
(9) faire la figue à ... : se moquer de, défier.
(10) il n'était pas rare à cette époque de voir les grands changer de camp.

 

Croyez-vous que cela ait tellement changé ? ...

Publié dans Politique, Démocratie

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